mardi 3 avril 2018

C'est à quel nom ?

Il est temps de vous avouer un truc maintenant que l'on commence à se connaître un peu. J'ai un humour de merde. Voilà. C'est dit. Non, je déconne ! Hum, Hum ! En vérité, j'ai une faiblesse, un défaut, une kryptonite... Je... Je ne suis pas foutu de me souvenir du nom de la plupart de mes clients.

Si vous êtes indulgents et un poil naïfs, vous vous dites que c'est normal de ne pas s'en rappeler systématiquement à cause du flux quotidien de personnes qu'il peut y avoir dans une libraire. Le souci, c'est qu'il m'arrive d'oublier le nom de quelqu’un revenant moins d'une demi-heure après son premier passage. (Oui, j'en suis là. J'en soupçonne d'ailleurs certains de revenir exprès pour me tester. Les vilains.)

J'étais gêné les premiers temps. J'avais peur de froisser les gens, mais je me disais que ça s'arrangerait sans doute avec le temps. Presque quatre ans plus tard, le bilan n'est pas des plus fameux. (Promis, je ne le fais pas exprès.) J'ai presque tout essayé pour m'améliorer. Le big boss a même tenté de m’exercer à partir d'une liste sans grand résultat. En désespoir de cause, il me note parfois le nom des clients qui entrent pour faire bonne figure. (Je ne sais pas s'il le fait par gentillesse ou s'il a pitié de son petit libraire.)

Avec le temps, j'ai développé quelques techniques pour contourner ce problème. L'avantage de notre logiciel de gestion, Librisoft, c'est qu'il nous permet d'enregistrer des comptes clients. Ils gardent notamment en mémoire tous les achats effectués chez nous. C'est pratique quand quelqu'un ne sait plus à quel numéro il est arrivé dans une série ou encore quand une personne veut faire un cadeau à un proche enregistré dans notre base informatique.

Bizarrement, je retiens plus facilement les titres qu'achètent les habitués. Je fais aussi attention ce qu'ils prennent en arrivant à la caisse. Ces deux éléments me permettent de regarder discrétos sur l'ordinateur (en prétextant qu'il est lent) les comptes de ceux et celles ayant acheté les précédents numéros. Ça m'aide ainsi à retrouver des noms.

Après, je vais être franc avec vous, ça reste globalement assez catastrophique. (Croyez-moi, je m'en excuse.) Finalement, j'ai réussi à en faire ma petite marque de fabrique et à en rire avec les clients. Quelques-uns vont jusqu'à faire des paris entre eux pour savoir si je me souviens de leur nom. (Ne sont-ils pas mignons ?) Je ne leur en veux pas. Comment ? Non, je ne peux pas vous dire de qui il s'agit. De toute façon, j'ai oublié leur nom.