dimanche 26 août 2018

Vous en avez pensé quoi du tome 54 de Naruto ? Euh...

Pour faire suite à mon précédent article sur l'impossibilité de pouvoir tout lire quand on est libraire, il faut que je vous parle des suites. Vous vous en doutez peut-être, mais s'il est difficile de suivre le rythme des nouveautés, il est tout aussi compliqué, voire plus, de suivre des séries entières.

Ainsi, il est déjà arrivé que des clients me demandent mon avis sur tel ou tel volume. C'est principalement le cas avec les lecteurs de mangas. Certains grands passionnés souhaitent parfois savoir ce que j'ai pensé d'une scène ou d'une page dans un numéro X ou Y d'un titre récemment paru. 

À nouveau, je vais sans doute en décevoir, mais le libraire n'a guère le temps de suivre toutes les séries. Dans le milieu du livre, on a même tendance à le qualifier de spécialiste du tome 1. On en lit énormément pour rester connecter à l’actualité et conseiller le mieux possible avec une sélection variée. En plus de devoir faire un choix dans nos lectures, cela implique de tirer un trait sur bon nombre de suites. 

Est-ce que ça signifie qu'on n'en lit jamais ? Vous connaissez déjà la réponse. (En tout cas, je l'espère.) Évidemment que nous en lisons. Il faut garder une part de plaisir dans la lecture, ce qui passe par suivre une poignée de séries que nous avons particuliérement apprécié. 

Certes, lire par exemple la trentaine de volumes de The Walking Dead, cela n'apporte rien commercialement parlant (à l'exception du fait qu'on est tous plus ou moins d'accord pour dire que ça commence à traîner sérieusement en longueur cette affaire). Mais si on aime la série, on aurait tord de ne pas en profiter, même s'il faut savoir faire des choix encore une fois. 

De plus, lire plusieurs tomes peut aider à se faire un avis plus éclairé sur un titre où on est resté mitigé. Dans mon cas, je sais que je dois lire les volumes suivants de Saga et de Lastman. Leur tome 1 ne m'a jamais convaincu, mais connaissant l'enthousiasme général pour ces ouvrages, je pense qu'il serait bienvenue de leur donner une seconde chance. Après tout, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Non ?

Sur ce, je vous laisse, j'ai encore une sacrée pile de nouveautés à lire qui m'attend.

Ce n'est pas la taille qui compte comme on dit.

samedi 18 août 2018

Comment ? Vous n'avez pas tout lu ?

Histoire de reprendre tranquillement le rythme du blog, parlons à nouveau d'un sujet léger. Après tout, c'est toujours l'été avec son soleil et sa transpiration des aisselles. Hum... Sérieux, ai-je dit ? Mouais. Bref.

Quand vous travaillez en librairie, il faut suivre le rythme des parutions en lisant un maximum de choses. Cela vaut pour les nouveautés, mais également pour le fonds. Être calé sur l'actualité est une chose, mais savoir conseiller sur des séries terminées, entamées et des classiques est tout aussi important.

On peut s'en passer, mais difficile de rester un minimum convaincant en bande dessinée si on avoue ne pas connaître Astérix, Blake et Mortimer ou Tintin. Après, ces exemples sont tellement ancrés dans la culture populaire qu'on peut s'en sortir sans les avoir lu. Mais bon, vous voyez l'idée.  

Il est primordial de cultiver sa curiosité quand on est libraire. Il ne faut pas se contenter de son genre de prédilection, ce qui ne sous-entend pas de le mettre de côté. Dans mon cas, je suis devenu passionné par la bande dessinée via le comics. Avec les années, c'est un genre où je suis devenu à l'aise. Pour mon patron, ce n'est pas trop son truc. Il est davantage attiré par la BD franco-belge. Il y a aussi la différence de générations qui joue. Nous n'avons pas été marqué par les mêmes titres. Du coup, nous sommes assez complémentaires.

Nous ne nous reposons pas sur nos lauriers pour autant et nous n'hésitons pas à piocher chacun dans des genres où nous sommes moins à l'aise. Je lis ainsi régulièrement des polars et des BD historiques comme d'autres styles. Pareil pour le grand manitou. Nous n'avons pas nécessairement les mêmes avis ou le même enthousiasme sur des lectures communes, mais ce n'est pas plus mal. L'objectivité, ça n'existe pas.

Avec tout ça, est-ce que nous avons tout lu ? Évidemment que non. Je sais, ça peut faire un choc et casser le mythe du libraire lisant derrière sa caisse toute la journée. Vous êtes tellement loin de la réalité si vous pensez que c'est le cas. Hormis durant l'été, et encore, nous n'avons tout simplement pas le temps de lire au travail. On enchaîne les albums chez nous tout au long de la semaine. 

Mais vous savez quoi ? Même si nous pouvions trouver le temps de lire au boulot en plus de le faire en dehors, on ne pourrait pas être calé sur tout. Pour rappel, rien qu'en bande dessinée, il y a 5000 nouveautés par an. C'est humainement impossible de tout connaître. 

Par conséquent, il arrive qu'un client demande si on a lu telle nouveauté. Forcément, le hasard étant un drôle de blagueur, il s'agit pile-poil du livre qu'on n'a pas lu. Par contre, ce qui se trouve sur le reste de l'étagère, c'est le cas. Peu importe, la personne veut notre avis sur ce titre précis. Parfois, elle enchaîne les demandes sur plusieurs albums qu'on n'a pas parcouru. (Ils en ont des problèmes ces libraires, non ?)

Je ne vous cache pas, c'est frustrant au départ. À mes débuts (oula, ça sonne vieux), j'avais l'impression de ne pas être compétent. Heureusement, la confiance vient avec le temps. (Même pour moi !) On relativise et on se rend compte qu'on ne peut pas être partout. Lire de tout, certes, mais en préservant le plaisir de la lecture, ce qui passe par quelques pauses. Il ne faut pas en avoir honte. Le métier de libraire ne se résume pas à la lecture. Il est polyvalent et comporte pas mal de manutention. Ce n'est pas parce qu'on ne lit pas qu'on ne travaille pas. (Tiens, on dirait un slogan politique.)

Ce que mes quatre premières années dans ce métier m'ont notamment appris, c'est de ne pas hésiter à dire qu'on n'a pas lu tel ou tel ouvrage. C'est gênant au début, mais au fur et à mesure, on parvient à tourner ça à la rigolade, tout en faisant comprendre à la clientèle la masse importante de sorties. Dans la quasi-totalité des cas, les gens comprennent. Pour les autres, ils s'en remettent. Et puis, il y a des astuces pour pallier au manque de temps de lecture. Être à l'écoute des avis de ses confrères et de ses clients est sans doute le meilleur moyen de parvenir à conseiller un minimum. 

Pour finir, j'espère ne jamais dire un jour que j'ai tout lu. Ça signifierait l'absence de surprises à l'ouverture de cartons. Savoir qu'il y a une richesse quasiment inépuisable en BD est un carburant quotidien à la boutique. C'est ce qui me donne la gnaque de continuer ce boulot pour faire de belles découvertes que j'aurai plaisir à partager, et ce, même si je dois parfois dire que je n'ai pas lu certaines parutions. Ce n'est pas grave.

samedi 11 août 2018

Sinon, vous restez ouvert cet été ?

Après trois semaines en Nouvelle-Zélande, l'heure de la reprise a sonné. Je ne vous cache pas qu'il y a pire que de reprendre le boulot en août. En librairie, c'est simple, c'est quasiment le calme plat entre juillet et août niveau sorties. Pour ce qui de la bande dessinée, la pause estivale démarre après la semaine de la Japan Expo début juillet, où nous recevons un dernier gros arrivage de mangas. Ensuite, il ne faut pas compter avant la mi-août au moins pour revoir débarquer des nouveautés.

Soyons franc, ce calme fait du bien, même si tous les clients ne sont pas forcément ravis. De toute manière, difficile de satisfaire tout le monde. Quand il y a trop de sorties, ça se plaint de ne pas pouvoir tout suivre, et quand il n'y pas de nouveaux albums, ça se plaint de ne rien avoir à se mettre sous la dent. 

C'est faux. La période des vacances d'été est justement idéale pour s'attarder sur des nouveautés que l'on n'a pas pu suivre à cause du rythme effréné des éditeurs. La clientèle est plus prompte à s'attarder sur des choses qu'elle ne voit pas forcément d’ordinaire. De plus, c'est le bon moment pour poursuivre ses suites de séries en toute tranquillité.

Illustration tirée de la couverture du journal Spirou N°3931.

De l'autre côté de la caisse, on ne va pas se mentir, cela nous permet de réaliser un bon chiffre en cette période. Elle reste quand même la plus calme de l'année, mais ce serait dommage d'être fermé. Quand mon cher big boss était seul, c'était le cas pendant environ un mois. Après tout, ce n'est qu'un homme, et ce, même s'il était parfois appelé Superman par des confrères. (Il a le triomphe modeste.) Plus sérieusement, c'est normal de se prendre une poignée de semaines pour se reposer.

Depuis que nous sommes deux, c'est plus simple de ce côté-là. Je pars en juillet, tandis que le chef part en août. C'est équitable, et tout le monde est content. La boutique tourne ainsi toute l'année, ce qui apporte un gain financier non négligeable au magasin. 

Et puis, même s'il n'y a aucune réception ou presque de nouveautés, il reste de quoi faire, à commencer par les réassorts, qui arrivent chaque jour. Il faut bien renouveler le stock au fur et à mesure du flux de clients. Ce que j'aime aussi durant cette période, c'est réorganiser la boutique. C'est tout bête, mais le fait de bouger certaines choses peut déclencher des ventes. Dernièrement, j'ai réagencé l'espace des nouveautés manga en enlevant la table que nous avions mis pour accueillir le surplus de sorties dû à la Japan Expo. Des bouquins présents sur table depuis presque un mois se sont ainsi vendus. C'est magique.

Sinon, j'ai le temps de flâner entre deux vagues de clients. J'en profite pour lire un peu en boutique, ce qui est l'une des rares fois dans l'année. Le calme tout relatif me permet également d'écrire. J'ai donc pu pondre cet article de reprise. (Ne me jugez pas. Je bosse quand même !) 

Tiens. Ça me rappelle quand Christophe m'avait demandé de le remplacer durant l'été peu de temps après mon stage. Ma première expérience sans filet, car il partait à l'autre bout du monde. Comme vous pouvez vous en douter, j'étais stressé. Ajoutez à cela que je devais poursuivre la rédaction de mon mémoire de fin d'études en parallèle. Mais bon, au final, ce fut bénéfique. D'ailleurs, ce mois-ci, je vais fêter mes quatre ans en tant que libraire. Ça me filerait presque la larme à l’œil.